Back in Buenos Aires, pour quelques heures encore ! Probablement le dernier message de cette rubrique et de ce voyage avant de retrouver notre beau pays…
Nos deux derniers jours en compagnie de Dusty furent epiques et visuellement surprenant… Mardi matin, le reveil se fait sous un soleil resplendissant et un ciel seulement parseme de quelques nuages. Plein d’entrain, nous reglons notre auberge et reprenons la route. Nous retournons vers Salta pour ensuite prendre la direction de Purmamarca, un petit village aux allures boliviennes situe au pied de la montagne aux Sept Couleurs (ca, ca fait rever !).
Apres seulement quelques kilometres, et la route etant parfaitement droite, nous constatons qu’au loin, le ciel est pour le moins couvert et que notre chemin risque fortement de nous emmener au coeur de l’action. Fini le beau temps, nous penetrons un bon vieux brouillard typique de chez nous. Quelques gouttes, une route en terre pour le moins etroite et qui se plait a sinuer gaiement le longs des parois de la montagne que nous empruntons. Conduite defensive, klaxon aux entournures, les paysages sont probablement magnifiques mais nous ne distinguons absolument rien. Apres une bonne heure de ce traitement, nous emergeons enfin dans la vallee, soulages et motives par l’idee qu’a Salta, nous aurons peut-etre l’occasion de nous sustenter dans la grande chaine a l’arche doree… La traversee de Salta se fait avec quelques tatonnements et confirme mon souhait de ne point vouloir conduire pendant les heures de pointe argentines. Ils sont dingues, ca sort de partout, ca va dans tous les sens, ca donne la priorite et puis ca la refuse, il y a de quoi perdre quelques enjoliveurs…
Pour rejoindre Purmamarca, il faut passer par Jujuy, ville a 150 kilometres de Salta. Pour arriver a Jujuy, deux routes sont possibles. Une voie rapide et une petite route de campagne asphaltee, large de trois metres et courant le long des versants de differents monts, enchainant les virages sans visibilite aucune. Parce que nous sommes de vrais aventuriers (ou parce qu’on s’est tout simplement gourre de route), nous nous retrouvons sur ce petit filet de bitume. J’arrive a garder mon sang froid et a ne pas me prendre pour Colin Mc Rae, et nous nous promettons de prendre la voie rapide pour le retour.
Arrives a Purmamarca apres cette journee de folles routes, c’est avec joie que nous nous precipitons dans le premier restaurant potable de l’endroit (pas de Ronald a Salta) avant de prendre possession de notre habitation dans une auberge proche de la place principale du village. Purmamarca est effectivement tres charmant: Ambiance detendue, relax, les touristes s’y arretent generalement dans le cadre de tours et les 1000 habitants de l’endroit ont reussi a garder une atmosphere typique de ces petits villages. Le mont situe derriere le village arbore clairement de multiples couleurs, du vert au rouge en passant par le jaune, preuve s’il en est que la region est riche en minerai et mineraux de toutes sortes.
Mercredi, dernier jour, il nous faut rentrer sur Salta pour rendre Dusty a sa famille. Mais avant, il nous reste a voir les Salinas Grandes, etendue de sel sise non loin de notre dernier gite. La route longe la vallee avant de monter de deux milles metres, nous emmenant a 4170 metres, et avant de redescendre quasi directement sur le Salar. De loin, on peut en distinguer les limites mais plus nous nous rapprochons, plus nous commencons a etre absorbe par le blanc immacule environnant. Il ne nous faut que quelques kilometres sur la route traversant le Salar pour reperer une piste et nous engager dessus. Je me souviens de Uyuni, du lac, des trous et de l’eau qui se trouve probablement sous nos roues. Legere apprehension, analyse de quelques trous. Il y a effectivement de l’eau par endroit, mais la couche de sel semble plus que solide et d’une dizaine de centimetres d’epaisseur. La balade est demente, il est tres agreable de rouler dans ce type de paysages et de se sentir perdu au milieu d’un desert de sel…
Une fois le pic-nic consomme au coeur du Salar, nous reprenons la route de Salta. Le temps se degrade de nouveau quelque peu et il nous faut slalomer entre les vehicules roulant a du 10 km/h et les camions arrivant en sens inverse. La voie rapide se resume etre une nationale a deux bandes, et je suis plutot content quand, quelques heures apres, nous repenetrons dans Salta. Il nous reste quelques heures avant de partir pour Iguazu, et ces quatre jours auront quand meme ete bien charges. La region autour de Salta est tout simplement magnifique, avec des paysages d’une variete et d’une beaute a couper le souffle, et je suis ravi d’avoir eu l’occasion de parcourir ce petit millier de kilometres afin d’en faire la connaissance…
Jeudi matin, c’est le grand depart. Reveil a 5h15, quittage de l’auberge a 6h00 et arrivee dans le bus a 6h15. Ready pour 26 heures, le litre de Coca sur les genoux et l’Ipod charge a bloc. Deux changements en matinee, une petite heure de retard sur le timing initial, c’est vers 12h30 que nous entamons le plus gros du voyage. Excellents films, bonne nourriture, staff fort sympathique, tout se deroule pour le mieux jusqu’a notre arret a Resistencia quand notre steward vient nous annoncer que nos amis agriculteurs et producteurs de la region ont decide de bloquer les routes pour une duree indeterminee. Toujours insatisfaits par les mesures prises par le gouvernement, ils empechent tout trafic. Dans un esprit de solidarite et de compassion a leur egard, je suggere subtilement de foncer dans le barage. Un double-deck de 15 metres contre un tracteur John Deere, y a pas photos, nous sommes l’hippopotame ! Je suis meme pret a brandir le drapeau argentin en chantant la marseillaise et en hurlant que non, Maradonna n’est pas mort, rien n’y fait, mon idee ne fait pas l’unanimite. Il est minuit et demi (qui fait des barrages routiers a minuit et demi ??? Ils sont potes avec les camionneurs francais, c’est pas possible), nous entamons notre 18eme heure et je commence tout doucement a avoir envie d’arriver.
Deux heures plus tard, nous franchissons le barrage. En combinant ce retard avec le premier, nous arrivons 4h apres l’heure prevue, soit midi. Cela ne fait pas franchement mes affaires, mon avion partant le lendemain quasi a la meme heure. Je dispose donc d’une apres-midi pour visiter le Parc National d’Iguazu et avoir la chance de voir ses cascades mondialement connues. Apres une rapide douche, direction le parc, sous un vieux crachin digne de chez nous. Nous sommes proches du Bresil, au coeur de la Selva, et le temps semble fluctuant comme un gouvernement belge en (de)composition. Isa prefere rester a l’auberge et faire la visite Samedi.
Le Parc d’Iguazu, c’est Walibi ! De belles allees bien proprettes, de multiples magasins de souvenir et restaurants et, cerise sur le gateau, un petit train sur de vrais rails qui vous emmene dans le point le plus eloigne de l’entree du parc. Entre nous, et a part vous eviter de marcher, ce train ne sert a rien. Pas de paysages, lent au possible, longeant un sentier qui pourrait faire une agreable promenade, je conchie ce train… Mes heures sont comptees et si je veux faire le parcours que j’ai defini, j’ai plutot interet a me depecher. Direction la Gargantua du diable donc, histoire de me donner une vue de ce qui s’annonce etre l’un des plus impressionants panorama du parc. Un reseau de passerelles surplombe les differents bras de rivieres de l’endroit et apres un petit quart d’heure de marche, c’est le choc ! Face a de multiples cascades, au bord du gouffre, le bruit de l’eau est assourdissant et l’ecume monte de plusieurs dizaines de metres au dessus de la surface. Rien a dire, pour une entree en matiere, c’en est une belle. Je suis scotche, fascine, emerveille ! Je ressaute dans le petit train (ok, en l’occurence, il est pratique, je gagne du temps… n’empeche, je le conchie) et me dirige vers les sentiers inferieurs et superieurs, a 2500 metres de la et qui donnent un point de vue totalement different sur le parc. Le sentier inferieur etant ferme vu l’heure a laquelle j’y arrive, je decide d’emprunter la voie de sortie. Pas question qu’on m’en prive et s’il le faut, je marcherai un peu plus vite pour ne pas me retrouver coince dans la jungle au coucher du soleil… Meme chose, je suis de nouveau bluffe par la beaute du site…
Samedi matin, direction l’aeroport. Un vol d’une heure et demie plus tard et me revoila en plein coeur de Buenos Aires. Comme a l’aller, je redepose mes affaires dans le quartier de Recoleta, a deux rues du cimetiere cette fois. Petit hotel, chambre unipersonnelle, j’ai envie d’un peu de calme pour mes dernieres heures ici bas. L’autre option etait un dortoir de 20 personnes mais bizarrement, je n’ai pas ete tente. Je passe le reste de la journee a flaner dans le quartier avant de retrouver l’hotel et de m’y offrir une bonne nuit de repos.
Dimanche, evenement ! Je renoue avec les minibus et les touristes package. J’ai envie de revoir les principaux quartiers de Buenos, et surtout celui de la Boca, connu pour ses facades multicolores et son equipe de football. Le quartier n’est pas le plus sur de la ville, sans aucun doute le plus pauvre, et le tour offre cet encadrement qui me securise. Les guides deconseillent de s’y rendre seul, je me souviens en avoir parle avec Seb, donc autant jouer la carte Prudence en cette fin de voyage.
Un dimanche a Boca, et quand l’equipe de foot recoit son principal adversaire du championnat, ca vaut le detour. Ambiance Anderlecht-Standard, 1000 policiers dans les rues, des barrages dans tous les sens, ce village au coeur de la ville s’anime d’une belle maniere ! Ca courre, ca crie, ca jongle, ca insulte, les autorites canalisent le flot des supporters en les faisant emprunter deux itineraires totalement differents. Notre petit groupe se retrouve donc plonge dans la marmite pour une bonne heure, et je ressens meme l’envie d’assister au match (et ca, ca fait peur). Outre Caminito, la petite artere du centre (tres/trop)touristique de la Boca, les petites rues alentours sont charmantes. Ancien quartier portuaire, les marins recuperaient tout ce qu’ils pouvaient pour construire leur chez soi. Maisons de toles dont les couleurs multiples s’expliquent par le fait qu’ils diposaient rarement de la quantite de peinture necessaire pour recouvrir l’ensemble du batiment, c’est a mes yeux le quartier le plus « original » de Buenos Aires. Pas d’inspirations exterieures, pas de copies ou d’inspirations architecturales europeennes, la Boca est le coeur originel de BA !
L’apres-midi, meme principe, je deambule dans Recoleta. A 17h00, je retrouve Amandine, une franco-espagnole rencontree a Ushuaia et etudiant a Buenos Aires. Une longue papote en deambulant dans les allees du marche artisanal de Recoleta (l’occasion d’acheter un souvenir kitschissime pour le loustic a venir – les parents vont adorer) suivie d’une bonne glace au gout indefinissable, ca fait du bien et aide a apprehender le retour avec plus de serenite.
Et ce lundi, dernier jour si j’excepte mes 11 heures d’escale a Washington DC, je decide de faire une ultime sauvegarde de mes dernieres cartes memoires. Deux cartes, dont une m’affiche le sympathique message des « donnees corrompues ». 600 photos dans le neant, bien presentes sur une carte mais non accessibles… La fin de l’Ile de Paques, le centre et le nord du Chili, la traversee de Uyuni, tout cela menace parce qu’un je ne sais quoi a decide de corrompre mes donnees (et qu’elles se sont laissees faire les vilaines sournoises !). Qu’a cela ne tienne, a l’heure ou j’ecris ces lignes, un petit programme de recuperation tente tant bien que mal de sauver la plupart d’entre elles. Je compte un petit 25% de perte et je suis content, mais il fallait que je le fasse pour etre sur de bien faire dodo dans l’avion.
Sur ce, il est temps de cloturer. Un petit taxi, un petit bus, deux avions et 11 heures pour decouvrir Washington, ca y est, c’est le grand retour !
A tres bientot en Belgique !!!