Note : ★★★☆☆
Une attaque spectaculaire au cœur de la chrétienté
Le roman s’ouvre sur un événement choc : le pape est enlevé par un commando armé lors d’un attentat au Vatican. Le monde est sidéré, les équilibres diplomatiques sont menacés, et l’Église catholique est plongée dans une crise d’une ampleur inédite. L’auteur installe d’emblée une tension forte, digne des grands thrillers géopolitiques. L’enlèvement du chef spirituel d’un milliard de fidèles devient le point de départ d’un vaste jeu d’ombres entre terrorisme, croyances millénaires et luttes de pouvoir.
Entre enquête historique et énigmes religieuses
Pour tenter de sauver le pape, l’on fait appel à Tomás Noronha, historien et cryptologue, déjà bien connu des lecteurs de l’auteur. L’intrigue se déploie alors entre enquête symbolique dans les profondeurs du Vatican, manuscrits anciens et course contre la montre, alors que les ravisseurs menacent de commettre une série d’attentats.
L’univers du Vatican est minutieusement reconstitué. Le fonctionnement interne, les traditions séculaires, les prophéties religieuses comme celle de saint Malachie, les tensions entre modernité et conservatisme… tout est mis en scène avec une rigueur quasi documentaire. Le lecteur plonge dans les arcanes d’un État religieux aux enjeux bien plus politiques qu’on ne l’imagine.
Une richesse documentaire… au détriment du rythme
L’un des points forts du roman réside dans son érudition. On y apprend beaucoup, parfois avec fascination. L’auteur prend le temps d’expliquer les rouages du Vatican, les symboles liturgiques, les crises internes à l’Église, et leurs résonances contemporaines. Mais cette volonté de transmettre freine parfois l’élan narratif. Certains passages ressemblent davantage à des essais théologiques ou historiques qu’à un roman de suspense.
Ce déséquilibre entre fiction et démonstration nuit à l’intensité dramatique. On tourne les pages avec intérêt, mais rarement avec fébrilité. L’action stagne, les dialogues s’alourdissent, et le suspense se dilue. L’histoire passionne sur le fond, mais peine à captiver pleinement sur la forme.
Un héros en retrait
Tomás Noronha, pourtant central à l’intrigue, semble cette fois moins impliqué. Son rôle est plus intellectuel qu’actif, plus observateur qu’intervenant. On aurait aimé le voir davantage mis à l’épreuve, pris dans un conflit plus viscéral. Ici, il semble parfois subir les événements plutôt que les déclencher ou les infléchir.
Verdict
Vaticanum est un thriller dense et ambitieux, qui séduira les lecteurs en quête d’un récit riche en informations, en références religieuses et en détails historiques. Mais ceux qui attendent un rythme soutenu, des twists spectaculaires ou une tension continue risquent d’en ressortir un peu frustrés. Ce n’est pas un mauvais roman – loin de là – mais c’est un roman exigeant, dont la force documentaire prend souvent le pas sur le souffle romanesque.