Note : ★★☆☆☆
Une mécanique bien huilée… qui tourne à vide
Le roman déploie tout ce que l’on associe à Ken Follett : ampleur, chapitres courts, art du cliffhanger, documentation rassurante. La lecture reste fluide, la mise en scène efficace. Pourtant, passé les premières pages, la machine donne l’impression de fonctionner en pilote automatique. Les révélations s’enchaînent sans véritable montée en intensité, comme si chaque scène jouait une partition déjà entendue.
Personnages en service commandé
Les figures centrales existent moins par leurs contradictions que par leur utilité dans l’intrigue. Elles avancent, reculent, s’aiment et s’opposent au rythme des besoins dramatiques, mais peinent à prendre chair. Les antagonistes, surtout, versent souvent dans le schéma : brutaux quand il faut, repentis quand l’intrigue le demande. On cherche la faille, la nuance, l’ombre portée – ce qui rendait certains romans antérieurs plus habités.
L’érudition qui alourdit
La marque de fabrique – expliquer clairement contexte, techniques, enjeux – devient ici pesante. Les apartés didactiques coupent le souffle du récit et donnent par endroits l’impression d’un cours intercalé entre deux scènes. L’information n’est pas fausse ni inintéressante ; elle arrive simplement trop frontalement, au détriment de la tension.
Une dramaturgie prévisible
Le canevas repose sur un enchaînement de périls calibrés et de coïncidences opportunes. Le lecteur devine trop souvent la solution une page avant qu’elle n’apparaisse, et les « coups de théâtre » ressemblent davantage à des passages obligés. La longueur n’aide pas : on sent ce roman plus étiré que nourri, avec au moins une centaine de pages de trop.
Ce qui tient encore la route
Reste un savoir-faire de conteur : scènes lisibles, décors solides, sens du tempo à l’échelle du chapitre. Quelques moments isolés – un retournement intime, un décor bien campé, une joute verbale – rappellent la main sûre de l’auteur. On tourne les pages sans peine, même si l’on regrette de ne pas être davantage surpris.
Verdict
Un Follett lisible mais mineur, où la virtuosité technique ne compense pas l’absence de souffle. Décevant pour qui espère la densité humaine et l’ambition romanesque des meilleurs titres de l’auteur ; acceptable pour une lecture de voyage, quand on cherche avant tout une narration claire et continue.
