Jeudi matin, c’est le grand jour ! Mon auberge ayant la bonne idee de n’activer l’eau chaude que quelques heures apres ma mise a nu, c’est passablement frigorifie que je termine mon sac et me dirige vers l’agence chez qui j’ai reserve mon circuit. Il est 8h00, le soleil brille, le fond de l’air est frais et j’ai hate de franchir la frontiere bolivienne.
Apres une petite quinzaine de minutes en minibus, nous arrivons a la frontiere chilienne. Legere periode d’attente, l’occasion de faire connaissance avec les autres participants et c’est reparti, pour une heure cette fois. Nous sommes 11, qui serons repartis en deux groupes une fois le poste d’immigration bolivien franchi. Nos jeeps nous y attendent, et apres avoir fait tamponner nos passeports, nous nous repartissons dans les vehicules. Un couple francais, un couple allemand et un chilien seront mes compagnons d’aventure. Notre chauffeur Nowel s’occupera de l’intendance et rebouchera le trou present dans le pot d’echappement quand l’odeur dans la cabine deviendra trop forte. Notre jeep, une Toyota Landcruiser agee de 20 ans, avale les sentiers de terres et les rochers qui les parsement avec une aisance deconcertante. Je suis impressionne par sa resistance. Tout tremble, on a l’impression que les portieres vont s’ouvrir au moindre choc, et le volant que tient Nowel a plus tendance a indiquer une conduite en derapage permanent plutot que la gestion d’une bonne ligne droite.
De nombreux tours existent pour traverser le salar de Uyuni et rejoindre ainsi la Bolivie a partir du Chili. Le trajet est possible egalement en sens inverse et moultes agences se partagent le gateau. Les legendes urbaines les entourant sont legion, et se retrouver en presence d’un chauffeur ivre ou imprudent semble etre chose courante. Heureusement, Nowel s’avere etre un conducteur experimente, fort de 8 ans de metier, et adepte de la coolitude motorisee. Nous sommes souvent les derniers du convoi (pres de 60 jeeps effectuent la traversee quotidiennement), evitant les nuages de poussieres et ayant ainsi l’opportunite de profiter des arrets sans etre perdu dans une foule de touristes. Et parce que tout voyage en jeep implique l’usage des 4 roues motrices, Nowel n’hesite pas une seconde a emprunter des chemins paralleles parfois pires que la route officielle, pour le plus grand bonheur de ses passagers.
La premiere journee nous donne l’occasion d’apercevoir un grand nombre de lagunes. Blanche, verte, coloree, chaque teinte provient de mineraux, de micro-organismes,… Certaines lagunes sont recouvertes d’une fine couche de glace, et dans cette partie aride de la Bolivie, il a neige il y a 5 jours. Rien a dire, les paysages sont a couper le souffle. Vers 15h00, nous arrivons au refuge ou nous passerons la nuit. Legere collation, rapide sieste, visite de la lagune Colorada situee non loin de la, et nous nous retrouvons tous a table a converser joyeusement. Nous sommes a 4500 metres d’altitude et, visiblement, mes trois nuits a San Pedro ne m’ont pas totalement acclimate a l’altitude. Un bon vieux mal de tete m’accompagne durant une bonne partie de la soiree, et disparait en milieu de nuit. Sac de couchage, double dose de couvertures, je m’endors comme un loir en me rappelant les -12 degres que j’avais affronte la veille lors de ma visite au Geyser de Tatio…
Notre deuxieme journee a un debut similaire a la premiere. Nous sautons de lagune en lagune, apercevant renard et flamands roses. Nous nous alternons pour satisfaire les besoins de Nowel en matiere de musique, branchant nos lecteurs a tour de role. En debut d’apres midi, premiere approche des salars inferieurs a celui de Uyuni. Une grande etendue blanche que nous franchissons a vive allure, sautant au-dessus d’une ligne de chemin de fer. Un rapide passage dans un petit village histoire de faire quelques provisions, et nous nous dirigons vers l’Hotel de sel ou nous passerons la nuit, situe en bordure directe du salar de Uyuni. De belle constitution, il fait partie de ces hotels qui remplacent celui construit en plein milieu de ce desert de sel il y a quelques annees et qui est devenu un musee a present, suite a la pollution qu’il produisait. Au loin, ce n’est que du blanc, separe du ciel par quelques montagnes qui se profilent dans la lumiere declinante de ce vendredi…
Samedi, c’est le grand jour. Nous passons la journee dans le salar. Halte sur l’ile du pecheur, petite randonnee, et reambarquement. Entoures de blanc, la sensation est impressionante. La jeep fonce, le terrain etant plat. Sous nos roues, et sous la couche de sel, un lac d’une profondeur variant entre 7 et 16 metres. Au debut de notre traversee, je n’y pense pas une seule seconde. C’est lors de l’arret lunch, en plein milieu de ce desert, que mon pied s’enfonce legerement dans la couche de sel. Au meme moment, Nowel rapeticit de quelques centimetres. Son pieds vient de traverser la couche de sel a un endroit ou cette derniere est plus fine. Notre jeep est entouree de petits trous qui laissent apercevoir le lac… Une banquise de sel en quelque sorte… Et la prise de conscience que finalement, tout cela est bien fragile…
Arrives a Uyuni, et apres une delicieuse pizza, je decide de remonter vers La Paz dans la foulee. Direction le Nord, pour redescendre ensuite a mon aise vers l’Argentine. En compagnie de Kina et Christian (allemands) et de Matthieu et Marie (francais), nous effectuons un trajet qui pourrait etre qualifie de mouvemente, ou les 10 heures de voyage en comportent facilement 8 ou nous sommes brinquebales comme de vieilles chaussettes. De nuit, j’ai l’impression d’etre attache a ces instruments qui font disparaitre la cellulite en appliquant un massage rapide des zones a traiter (trois semaines de ce traitement et je devrais revenir beau comme un Dieu).
Des Uyuni, la difference avec le Chili et l’Argentine est palpable. La Bolivie est plus sauvage, plus naturelle, et surtout beaucoup moins chere. Depuis mon arrivee, j’ai enchaine les truites et les steaks de Lama, pour des prix oscillant entre 2 et 4 euros le plat ! Un hotel deux etoiles coute entre 7,5 et 10 euros, je decide de m’octroyer un peu de luxe apres les deux premiers mois passes dans des dortoirs pas toujours joyeux…
Mon arrivee a La Paz se fait a l’aube. Nous sommes dimanche mais la ville est quand meme animee. Prise de possession de ma chambre, lecture des choses a faire, petite sieste pour recuperer de la jeep et de ma nuit anti-graisses, et je pars faire un petit tour de reconnaissance des environs. Les anecdotes sur La Paz sont legions, et les mesaventures touristiques semblent etre courantes. Prudent et circonspect, je ne m’aventure pas trop en dehors du centre. La Paz est une enorme ville se repandant sur les collines avoisinantes, sans plan d’urbanisation et dans le bordel (apparent ou maitrise) le plus total. Les rues possedent des denivelees impressionantes, et a cette altitude, l’air manque bien souvent a mes petits poumons habitues au plat pays. Le soir, nous nous dirigeons vers le restaurant de l’hotel Plaza, cinq etoiles disposant d’une vue splendide sur la ville. Entree-plat-dessert-vin pour 10 euros, au coeur de la ville et entoure des milliers de lumiere qui scintillent sur les flans de La Paz, l’endroit est magique…
Lundi, direction le site pre-inca de Tihuanacu, a une bonne heure et demi a l’Ouest de la capitale. Necessitant encore pas mal de travail et d’excavations, la visite du site reste neanmoins excessivement instructive. Civilisation ayant dure pres de 27 siecles (!!!) et ayant precede les Incas, notre guide nous livre toutes les interpretations possibles sur les differents symboles que nous apercevons, nous faisant ainsi constater la maitrise de l’astronomie, des techniques de construction,… de cette civilisation. Tout a une signification, rien n’est laisse au hasard, et une statue presente dans un mur fait legerement pense a notre ami de Roswell…
Ce mardi, et apres 8 ans d’absence, je retrouve le lac Titicaca, mais du cote Bolivien cette fois. Le petit village de Copacabana (dont la plage a tout a envier a son homologue bresilienne) me tend les bras. Couleurs, vieilles mamas emmitouflees dans des chales de laines, flute de pan en arriere plan, le petit village touristique typique des abords du lac. Demain, petit tour en bateau jusqu’a l’Isla del Sol.
Je quitterai le lac jeudi en debut d’apres midi pour rejoindre La Paz. Une petite heure de transit et un bus cama me conduira a Sucre. Dans une petite dizaine de jours, je retrouverai l’Argentine, ses glaces et ses pizzas. Mais avant cela, je compte bien m’enfoncer de quelques centaines de metres dans le sol a la mine de Potosi et gouter quelques bons vins dans la region de Tarija…
Allez, comme on dit ici, marchez doucement, mangez peu et dormez seul (pour une fois, je rempli tous les criteres sans devoir me forcer, c’est pas beau ca !)…
PS : pour ceux qui ont le courage de s’afoner tous mes posts depuis le debut, un petit cadeau tres narcissique (et parce que certains d’entre-vous se demandent a quoi je peux bien ressembler apres ces deux premiers mois). Follow the link… (4000 metres d’altitude, le soleil en plein dans la tronche, une nuit sur un matelas proche d’une planche en bois, j’essaie de justifier ma tronche d’endormi…)
4 commentaires
Salut Msieur!
Toujours un plaisir de suivre tes aventures!
n’essaie pas de nous rouler avec ta photo là, c’est pas toi mais un mauvais sosie local ;)!!!
Bonne route en tout cas!
Très belle photo ;-)
tu n’as jamais été aussi beau! Je pense qu’avec ton couvre-chef Bon Jovi, tu devrais ressembler un peu à Johnny dans son role de pirates…..
je rejoins Seb, une pure tête!